Que ce soit en kinésithérapie ou en ostéopathie, les techniques de soins ne cessent d’évoluer. Parmi les nombreuses approches et techniques disponibles, l'hypnose émerge comme un outil pour améliorer la communication thérapeutique, la gestion de la douleur et l’autonomisation des patients.
Comment améliorer sa communication thérapeutique grâce à l’hypnose?
Comme vous le savez, savoir mettre en place une communication thérapeutique solide est une des premières étapes pour des soins efficaces.
Une prise en charge où la relation de confiance avec le patient est défaillante se solde souvent par un échec.
Malheureusement, il peut parfois être difficile de modifier sa manière de communiquer par soi-même. Et c’est à ce moment là que peut intervenir l’apprentissage de l’hypnose.
En effet, l’hypnose est basée sur l’utilisation spécifique des suggestions. Être formé à l’hypnose, c’est savoir calibrer sa communication pour savoir faire passer les bons messages au bon moment.
Les techniques de communication issues de l’hypnose permettent alors d’améliorer l’alliance thérapeutique et les patients sont ainsi plus enclin à adhérer et à réaliser au mieux les exercices, ce qui optimise les résultats cliniques.
Comment gérer la douleur grâce à l’hypnose?
L'un des principaux motifs de consultation en cabinet est la prise en charge de la douleur. L'hypnose peut, alors s'avérer être un nouvel outil pour aider au mieux les patients.
Effectivement, il existe une multitude de techniques d'hypnose utilisables dans un contexte de douleur : vous pourriez utiliser l'hypnose pour gérer la douleur du patient lors d'une mobilisation, pour produire du confort chez le patient afin de lui permettre de faire plus d'exercices ou encore pour diminuer la kinésiophobie.
Comment autonomiser les patients?
Le patient pourra également bénéficier de l'auto-hypnose : il pourra refaire seul, quand il en ressent le besoin, les exercices appris avec le thérapeute.
Cette compétence d'autogestion permet ainsi l'autonomisation du patient.
L’hypnose intégrée en kiné/ostéo : en pratique !
L’hypnose n’est pas un outil centré sur une pathologie spécifique.
« Le patient a une douleur entre L4 et L5 ? Voilà le script d’hypnose que vous devez lui lire… » : Si vous voyez ce genre d’allégations…fuyez !
L’hypnose est un ensemble d’outils et de techniques. Comme n’importe quel apprentissage, vous avez effectivement besoin de construire des bases solides qui sont souvent assez stéréotypées (sans pour autant être des scripts à réciter à la virgule prêt).
Néanmoins, une bonne formation doit vous permettre de comprendre la dynamique de fonctionnement de l’hypnose et avec un peu de pratique vous pourrez utiliser votre créativité pour adapter les exercices d’hypnose au patient et lui proposer une approche sur-mesure efficace.
Afin que vous puissiez vous projetez un peu plus facilement, voici 2 cas cliniques de patients pris en charge par Théo Chaumeil*, kinésithérapeute, qui a utilisé l’hypnose pendant les séances
1er Cas Clinique : L'Hypnose, une clé pour surmonter la kinésiophobie et réduire la douleur à l'épaule
Un homme de 38 ans s'est présenté en séance avec des douleurs non spécifiques à l'épaule, classifiées comme nociplastiques après un examen clinique complet.
Son histoire était complexe car il présentait de la kinésiophobie.
En effet, il manifestait une peur intense de bouger son épaule et adoptait des comportements mal adaptés pour la protéger. Il avait considérablement réduit ses mouvements et ses activités.
Lors de l'anamnèse, le patient a partagé un élément intéressant : lorsqu'il nageait dans la piscine de la maison de ses amis lors de l'été, il n'avait ressenti aucune douleur à l'épaule.
En hypnose, c’est ce que l’on appelle une « exception au symptôme ». Ce moment d'exception ouvre la porte à une approche thérapeutique intéressante.
La natation était, de plus, une activité importante pour le patient, qu'il pratiquait régulièrement le reste de l'année mais qu’il avait arrêté depuis l’apparition de ses douleurs par peur que ça ne les empire...
Théo a donc utilisé un exercice d’hypnose appelé le « souvenir positif » afin d’immerger le patient dans ce moment passé, agréable et sans douleur dans la piscine.
La patient a été guidé par Théo pour revivre les sensations de souplesse et de légèreté qu'il avait ressenties dans son bras à ce moment-là. L'exercice a duré environ 10 à 15 minutes, au cours desquelles le patient s'imaginait nageant librement et légèrement dans la piscine.
A la fin de l’exercice, le patient a signalé une nette diminution de ses douleurs à l'épaule. Ses sensations corporelles semblaient également différentes, avec une plus grande aisance dans son épaule. L'efficacité de cet exercice l'a rassuré, et il a été encouragé à le répéter à domicile. Cela lui a non seulement permis de maintenir sa confiance, mais aussi de progresser dans d'autres exercices de kinésithérapie.
Ce cas clinique met en lumière la manière dont l'hypnose peut être un outil précieux pour aider les patients souffrant de douleurs et de kinésiophobie. En se concentrant sur un "moment d'exception", le patient a pu réduire ses douleurs, retrouver une plus grande mobilité à l'épaule mais aussi de l’espoir.
2ème Cas Clinique : L'hypnose pour transformer la perception de la douleur cervicale
Le patient est un homme de 45 ans, qui consulte Théo Chaumeil pour des douleurs au niveau cervical.
Il travaille dans le bâtiment et est en arrêt de travail depuis trois mois en raison de ses douleurs. Ce patient présente une kinésiophobie sévère, c'est-à-dire une peur excessive de bouger, accompagnée d'un fort catastrophisme.
Il a été informé que ses douleurs étaient liées à une hernie, cependant, l'examen clinique n'a pas confirmé que celle-ci était la cause de sa douleur. Pourtant, pour lui le simple fait de bouger la tête pouvait provoquer la « sortie » de son hernie cervicale...
Ce patient avait d’ailleurs une représentation corporelle très précise de sa hernie et de sa douleur. Il décrivait une "boule rouge", de 3 à 4 cm de diamètre, légèrement molle, prête à sortir de son cou à la moindre flexion ou rotation de la tête.
Théo a donc proposé au patient une technique d’hypnose appelée la « réification ».
Théo a commencé par demander au patient de décrire sa hernie en détail, y compris sa couleur, sa forme, sa texture, etc.
Puis, au moyen d'une approche métaphorique, il a guidé le patient pour modifier cette représentation. Il l'a encouragé à changer la couleur de la boule, à en ajuster la forme et la texture. Le patient a progressivement transformé complètement la représentation qu'il avait de sa hernie, jusqu'à ce qu'elle devienne plus neutre.
Après avoir réalisé cet exercice de transformation métaphorique, Théo a invité le patient à refaire des mouvements au niveau cervical. Ils ont constaté, conjointement, que l’amplitude de rotation du patient avait augmenté et qu'il ressentait moins de douleur. L'exercice de modification de sa représentation corporelle avait réussi à diminuer sa peur de bouger.
Ce cas clinique illustre comment l'hypnose peut être utilisée pour aider les patients à transformer leur perception de la douleur et à surmonter la kinésiophobie. Pour les patients qui décrivent leurs douleurs à l'aide d'images mentales (comme par exemple, une barre de fer dans le dos, des coups de poignards…) cette technique métaphorique peut être particulièrement efficace.
Alors, la prochaine fois, demandez à vos patients comment est-ce qu’ils se représentent leur douleur ! Vous serez peut-être surpris !
*Théo Chaumeil, kinésithérapeute, titulaire d’un Master 2, spécialisé dans le domaine du musculosquelettique et de la prise en charge de la douleur persistante et formateur passionné !
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